L'Étudiant · 1990 · LA MAISON D'OS

L'Étudiant · 1990 · LA MAISON D'OS
Aller contre le "chacun pour soi"
Presse nationale
Avant-papier
Emmanuel Davidenkoff
1990
L'Étudiant
Langue: Français
Tous droits réservés

L'étudiant

1991 · EMMANUEL DAVIDENKOFF

Tous en scène

Ni stars ni chômeurs, ils ont entre 20 et 30 ans, et sont comédiens. Ils admettent que la vie est difficile, mais refusent tout misérabilisme. Leur truc : se prendre en main, monter leurs tréteaux, et jouer.

Issy-les-Moulineaux, dans la banlieue parisienne, 21 heures. Une centaine de personnes s'entassent péniblement sur des bancs qui ploient à chaque mouvement, au premier étage d'une usine désaffectée. En haut des gradins, les spectateurs se courbent pour ne pas toucher le plafond, parsemé de crevasses. De la poussière de plâtre blanchit les vêtements sombres. Le silence s'installe ; une voix s'élève. Les premières phrases de la Maison d'os, pièce de Roland Dubillard, résonnent dans la pénombre. Et l'on oublie le plâtre, la promiscuité étouffante, les planches de bois qui craquent sous les pieds.

Auteur de ce tour de force : la compagnie Suzanne M. Soit une vingtaine de jeunes comédiens, issus pour la plupart des écoles nationales, rassemblés par le metteur en scène éric Vigner. Idée fondatrice de cette troupe : aller contre le "chacun pour soi", refuser de travailler dans ces équipes éphémères qui, passé la réalisation d'un projet ponctuel, s'évanouissent dans la nature. Chaque membre de la troupe est successivement accessoiriste, machiniste, éclairagiste, régisseur, habilleur, maquilleur et... comédien. Pour le reste, "le propriétaire de l'usine nous a prêté les locaux, les théâtres nationaux ont mis à notre disposition du matériel de scène, Arthur Nauzyciel, un des acteurs, s'est improvisé attaché de presse, bref, plutôt que de chercher de l'argent, nous avons réduit les dépenses", raconte éric Vigner. La galère ? Non. "La galère, ce n'est pas le fait de consacrer ses jours et ses nuits à chercher, ça aurait été de ne pas trouver ce que nous cherchions !" expliquent dans un sourire Arthur Nauzyciel et Denis Léger-Milhau.