En 1669... · Éric Vigner · LE BOURGEOIS GENTILHOMME

En 1669... · Éric Vigner · LE BOURGEOIS GENTILHOMME
Il y est question de l'Autre et aussi de l'Avenir.
Note d’intention & entretien
Éric Vigner
2006
CDDB-Théâtre de Lorient
Langue: Français
Tous droits réservés

En choisissant d'adapter Le Bourgeois Gentilhomme, Éric Vigner a souhaité réunir la variété des disciplines existant au sein du Théâtre National de Corée : acteurs, danseurs, percussionnistes, musiciens et chanteurs.
Jouée en Coréen, sur une partition de Lully retranscrite pour des instruments coréens, la pièce prend une ampleur nouvelle. La réalisation du décor reprend les techniques et motifs des laques orientales. Les comédiens, vêtus de costumes traditionnels, évoluent sur un plancher de scène sur lequel un paon blanc majestueux déploie sa roue.

ÉRIC VIGNER

En 1669, un ambassadeur de l'Empire Ottoman est reçu en grande pompe à Versailles par le roi LOUIS XIV. L'histoire dit que cet ambassadeur s'avérait être un jardinier. Pour laver cette injure, LOUIS XIV, roi Soleil, commanda à Molière pour le livret et à Lully pour la musique un divertissement pour ridiculiser les Turcs. En 1670 eut lieu la première représentation du Bourgeois Gentilhomme et la comédie-ballet obtint un beau succès.

Dans Le Bourgeois Gentilhomme, il est question de l'Autre et aussi de l'Avenir. Le bourgeois, comme le jardinier turc, est ridicule aux yeux du roi mais, un siècle plus tard, le bourgeois sera partisan de la révolution française. Les oeuvres de Molière ne sont pas innocentes et, sous la comédie, on peut lire beaucoup au regard de l'histoire.

Le Bourgeois Gentilhomme, c'est aussi l'histoire d'un homme encore jeune, marié, riche et qui, par amour pour une autre femme que la sienne, va découvrir un monde qu'il ne connaissait pas - celui de l'art, de la musique, de la danse, de la poésie, du langage, du costume, du maniement des armes et de la philosophie. Monsieur Jourdain est un homme sans culture qui a les moyens, par amour, de construire un monde dans lequel il s'absorbe. La cérémonie turque est la tornade illusoire qui remportera. "Et ma femme, je la donne à qui la voudra" sera sa dernière réplique.

Quand je suis arrivé à Séoul, invité par le Théâtre National de Corée, j'étais dans l'émerveillement de découvrir la musique, la danse et le chant d'une culture très ancienne et vive que je ne connaissais pas. Populaire souvent, quelquefois aristocratique. Il faut entendre la musique de Lully jouée sur des instruments anciens coréens. Au cours de ce séjour, je me souviens avoir pris le métro - la mélodie qui signifiait la fermeture des portes était celle de l'ouverture de la cérémonie turque du Bourgeois Gentilhomme. Un hasard, pas si sûr. Un signe, probablement.