Marie Vallet-Sandre (Extrait du dossier pour le Baccalauréat) · Juin 1996 · LA PLUIE D'ÉTÉ

Marie Vallet-Sandre (Extrait du dossier pour le Baccalauréat) · Juin 1996 · LA PLUIE D'ÉTÉ
LA PLUIE D'ÉTÉ est née en toute liberté...
Commentaire & étude
Marie Vallet-Sandre
Juin 1996
Dossier pour le Baccalauréat L
Langue: Français
Tous droits réservés

LA PLUIE D'ÉTÉ est née en toute liberté...

Marie Vallet-Sandre (élève de Terminale L option Théâtre en 1996)

Dossier personnel pour le Baccalauréat L

"Il fallait se laisser faire avec DURAS, ne pas faire le malin, (...) et donner la plus belle et la plus intime partie de soi-même". ÉRIC VIGNER parle de ce spectacle comme d'une expérience magique, où les acteurs, le texte et le lieu se sont rencontrés pour former autour de l'auteur quelque chose d'indéfinissable.

LA PLUIE D'ÉTÉ est née, "en toute liberté", d'un atelier réalisé au Conservatoire, avec de jeunes acteurs entre les mois de janvier et mars 1993. L'intérêt du travail d'ÉRIC VIGNER, était de "mettre en valeur une force comique, qui n'est pas la première idée qu'un vain peuple se fait du plus fameux écrivain français".

LA PLUIE D'ÉTÉ n'était pas alors un spectacle, mais un chantier où les choses étaient en train de se faire. Comme le livre porté et lu par chaque comédien, LA PLUIE D'ÉTÉ est un livre ouvert, où rien n'est fixé. L'intitulé de l'atelier devait être "...de la lecture au jeu", si dramaturgie il y avait eu. Toutes les libertés étaient données aux comédiens et au metteur en scène, aucune représentation ne devait avoir lieu à la fin. C'était avant tout, une rencontre avec un texte inexplicable, puis avec Marguerite DURAS. En définitive, LA PLUIE D'ÉTÉ fut représentée cent fois en France, dans différents lieux.

Au Conservatoire, l'histoire s'est inscrite dans le velours et l'or d'un théâtre à l'italienne, un théâtre classé monument historique. Tout le théâtre était utilisé, des balcons à la scène, en passant par la salle. Il n'y avait aucune provocation, aucune prétention, rien que du respect et des mots résonnants. Sur la scène, pas de décor construit en trompe l'oeil, seul un plateau pratiquement nu où s'étend un champ de pommes de terre redéfinissant la terre. Mais surtout, le livre sans qui rien ne pourrait exister et être dit; le livre, lu, raconté, décrit qui s'efface joliment devant le spectacle. LA PLUIE D'ÉTÉ remet tout en question. C'est l'histoire d'Ernesto, l'histoire de ses "brothers and sisters", de sa soeur qui l'aime d'amour, de ses parents. Une histoire où les enfants ont la première place, au même niveau que l'amour, les relations, le monde... Une histoire sur l'école, Dieu, la société, l'histoire d'Ernesto, pour qui "ce n'est pas la peine".

"J'écoute Ernesto, je ne le connais pas. Même si je crois le connaître dans l'émotion qu'il me donne au point où il me bouleverse". ÉRIC VIGNER, comme les lecteurs de Marguerite DURAS, a fini par s'attacher à ces personnages construits entre les lignes. LA PLUIE D'ÉTÉ est d'une grande simplicité, les mots y chantent avec éclat, mais, pour cela, les comédiens ont dû "tout abandonner, tout donner, laisser les petits trucs de côté et sauter sans filet".