Ouest France · 6 mars 1998 · TOI COUR, MOI JARDIN

Ouest France · 6 mars 1998 · TOI COUR, MOI JARDIN
Des réactions contrastées.
Presse régionale
Critique
Benoit Le Breton
06 Mar 1998
Ouest France
Langue: Français
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Ouest France

6 mars 1998 · Benoit Le Breton

Théâtre : Toi cour, moi jardin pousse bien loin le bouchon... Vertigineux plongeon dans l'abscons

Le Centre dramatique de Bretagne se veut un laboratoire où le théâtre contemporain est soumis aux expériences les plus hardies.
En s'attaquant à l'oeuvre de Jacques Rebotier dans Toi cour, moi jardin, le professeur Vïgner a poussé très loin le bouchon, touchant sans doute le fond dans l'abscons.

Éric Vigner n'aime pas laisser indifférent. En matière de réactions contrastées, le directeur du théâtre de Lorient a été servi mercredi soir lors de la première de Toi cour, moi jardin.

Condensée sur une heure, sa création est un vertigineux plongeon aux confins de la musique et du texte. Un abîme où le spectateur est invité à sombrer corps et âme. Difficile, pourtant, de s'immerger dans ce fatras de textes inextricables où seuls quelques aphorismes bancals maintiennent un semblant de sens.

Certes, signifier est bien la moindre des préoccupations de Rebotier.

En cela, Éric Vigner lui reste fidèle. À tel point que l'unique comédien de la pièce s'efface trop souvent. Arthur NauzyCiel, déguisé en ver luisant, brille, pourtant, en trublion censé rapprocher du théâtre les délires verbeux et musicaux de Rebotier. En modulant savamment sa voix jusqu'à imiter des crachoterrients radiophoniques, il arrache quelques rires spontanés. Trop rares pour faire passer de longues séquences où contrebasse, tuba ou encore clarinette émettent des sons. En éructent, surtout.

Comme autant d'onomatopées musicales qui, parfois, s'adaptent joliment au décor vitré, superbe, à la clarté presque clinique. Malheureusement, elles s'y diluent le plus souvent, jusqu'à irriter passablement...