Vaucluse Matin · 2 avril 1996 · L'ILLUSION COMIQUE

Vaucluse Matin · 2 avril 1996 · L'ILLUSION COMIQUE
Un jeu de miroirs savamment concerté.
Presse régionale
Avant-papier
02 Avr 1996
Vaucluse Matin
Langue: Français
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Vaucluse Matin

2 avril 1996

En avril ne perds pas le fil. l'illusion comique

Pierre Corneille examinant sa pièce en disait "je dirai peu de chose de cette pièce c'est une galanterie extravagante. Le succès en est tragique : Adraste y est tué, et Clindor en péril de mort. Mais le style et les personnages sont entièrement comédie. Il y en a même un qui n'a d'étre que dans l'imagination, inventé exprès pour faire rire, et dont il ne se trouve point d'original parmi les hommes."

Pierre Corneille fait des comédiens les sujets de sa pièce et du théâtre le décor. Le théâtre s'y donne en spectacle au même titre que Jouvet nous les présenta et en fit le sujet du film Entrée des artistes.

C'est l'académicien Marc Fumaroli qui analyse ce kaléidoscope où chacun se voit en train de se regarder :

"Mettre en scène le théâtre lui-même, cela suppose que le spectateur dans la salle aura sous les yeux les trois agents principaux du spectacle théâtral : l'auteur dramatique, les comédiens et les spectateurs eux..mème. C'est bien le cas dans l'illusion comique, où Alcandre le mage est un masque de l'auteur dramatique, où Clindor et les siens représentent les acteurs, et ou Pridamant est comme le miroir où le spectateur peut lire sur la scène ses propres réactions au spectacle qui lui est présenté. Dans la représentation de l'illusion comique par un jeu de miroirs savamment concerté, l'auteur et le spectateur apparaissent aussi sur la scène et occupent donc l'attention du spectateur dans le salle."

C'est la pièce d'un auteur atypique qui nous est présentée lors de ces trois soirées. Officier, auteur ayant estimé que son travail littéraire devait lui être rétribué à sa juste valeur, allant jusqu'à faire imprimer ses livres à compte d'auteur pour les revendre avec bénéfices aux libraires, alors qu'il était d'usage à cette époque qu'ils soient édités au nom du libraire. Corneille refusa le statut de l'écrivain de la féodalité pour ébaucher celui d'écrivain d'État : écrivain libre ne dépendant que de lui même.