Rousce · 14 janvier 1999 · MARION DE LORME

Rousce · 14 janvier 1999 · MARION DE LORME
Du grand art.
Presse nationale
Critique
P. G.
14 Jan 1999
Roucse
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Rousce

14 janvier 1999

Marion de Lorme, de Victor Hugo.

Hugo, père des lettres, du peuple, du siècle. Marion de Lorme, qui? Aventurière de la Cour, des salons et des chambres. Marion de Lorme, une pièce de jeunesse qui se souvient de Corneille, de Molière, de Shakespeare, jeunesse dont Éric Vigner le metteur en scène breton fait récidive pour aller du côté des hangars inventer un théâtre aéré et aérien, joyeux, à l'esprit légèrement hip-hop, dub, mais grave comme un geste de fondation.

Jeunesse et censure, celle que Charles X imposa à Hugo (et dont, en amorce, les acteurs font le récit avec, déjà, la furieuse envie de jouer) et celle du dépit de quelques poignées de spectateurs. L'affaire tourne autour de l'interdiction par Richelieu des duels qui décimaient la noblesse et se retourne autour d'amours controversées qui eussent enchantées Puccini.

Une langue superbe que Marion et ses amants arpentent, rime à rime, et dont ils déjouent, sourire aux lèvres et parfois clins d'yeux, les embuscades. Du grand art. Et art partagé entre Hugo et Éric Vigner de faire dire par le théâtre ce qu'il est, ce qu'il veut (la bataille d'Hernani n'est pas loin) et ce qu'on lui veut. Les exigences de la génération romantique, hier ; celles de la représentation et de l'illusion aujourd'hui, toutes dans l'onirisme d'une scénographie très pure, très violente, sous la grande aile du songe utopique, toit du hangar, toit de scène.