Les Inrockuptibles · Aden · 21 janvier 1999 · MARION DE LORME

Les Inrockuptibles · Aden · 21 janvier 1999 · MARION DE LORME
Une vigueur redoutable.
Presse nationale
Critique
21 Jan 1999
Les Inrockuptibles
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Les Inrockuptibles · Aden

21 janvier 1999

C'est une Marion de Lorme nettoyée de toute graisse romantique que propose ici Éric Vigner. La langue de Victor Hugo est modulée par les comédiens, dont le jeu s'articule, mais avec un léger décalage, à cette diction. Du coup, les mots du poète, débarrassés du pathos dont ils sont trop souvent encombrés, y trouvent une vigueur redoutable. Il n'y a pas de véritable progression dans cette pièce. Comme l'explique Éric Vigner, c'est une "variation sur un motif unique. Un système de constellations, comme un œil de mouche composé d'une multiplicité de points".

Par un travail délicat de stylisation, le jeu des acteurs concentre l'espace et le redistribue. On sent comme un souffle invisible, une menace permanente suspendue au-dessus de tous ces personnages. Mais cette mise en scène n'est pas non plus exempte de dérision. Le texte est servi, honoré, mais il est aussi placé dans une perspective, il offre une vision et une réflexion. C'est sans doute pour cette raison que Vigner ouvre son spectacle par la préface que Victor Hugo avait écrite pour la pièce, en 1831. Question de perspective.