Entretien · Othello Vilgard (création sonore) · DÉBRAYAGE (2007)

Entretien · Othello Vilgard (création sonore) · DÉBRAYAGE (2007)
Entretien avec le créateur sonore
Note d’intention & entretien
15 Juin 2007
CDDB-Théâtre de Lorient
Langue: Français
Tous droits réservés

ENTRETIEN AVEC OTHELLO VILGARD, CRÉATION SONORE

Comment se déroule le travail avec ÉRIC VIGNER?

J’ai déjà travaillé à plusieurs reprises avec Éric. J’ai créé la bande-son des acteurs dans la partie adaptée d’HIROSHIMA MON AMOUR à Avignon en 2006. J’ai fait la création sonore pour JUSQU'À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE, le premier texte de RÉMI DE VOS monté par ÉRIC VIGNER l’année dernière.
Le théâtre n’est pas mon médium à la base. Je viens avec ce que je connais et puis j’apprends beaucoup. Éric parvient à fédérer des personnes qui ont le même principe de regard. L’inconscient est présent dans notre travail, nous pouvons presque nous passer des mots. Même s’il sait ce qu’il veut, Éric nous laisse beaucoup de liberté. La proposition pour lui est une continuité de la pensée. Son langage est le théâtre, mon langage est le cinéma.

Quelle est votre démarche de travail?

De façon très générale, j’essaie de créer un décor, un design sonore, une ambiance. Au tout départ, je lis le texte, et je commence à travailler sur des propositions. C’est un travail très intuitif, il faut donc être à l’écoute de soi pour saisir la correspondance entre les choses. Le son fait partie intégrante des mises en scène d’Éric.
Sur DÉBRAYAGE, il y a plus de son que dans JUSQU’À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE. Il y en a même beaucoup, ça crée une ambiance et puis ça nous emmène autre part. Le son n’est pas redondant avec ce qui se passe sur le plateau, ce n’est pas intéressant d’accumuler les signes, de rajouter des signes aux signes.

En quoi consiste le travail de création son sur DÉBRAYAGE?

Je travaille sur le projet à sa base, j’essaie d’intégrer un univers sonore à l’écriture d’Éric et à l’écriture de Rémi, d’être dans une compréhension des langages. Je me base beaucoup sur ce que dit Éric de la pièce. Je peux assister à tous les moments du travail, même la période de lecture à la table. La prise en compte des voix des acteurs est également importante pour la création du son. Les écritures sont multiples ; à l’intérieur de tout ça je crée une partition.
Pour DÉBRAYAGE, j’ai procédé à des collages de morceaux de musique existants. La plupart du temps, j’utilise des choses qui font parties de l’inconscient collectif. L’écriture de Rémi appelle ça. Ce sont des choses qui ne sont pas forcément qualifiables, nous-même disons très peu de choses. Les choix sont souvent des évidences et puis je connais bien l’univers d’Éric.
La technique c’est mon outil mais ce n’est pas une finalité. C’est un outil formidable au service de la mise en scène, mais c’est comme l’art pour l’art, pour moi ça n’a pas vraiment d’intérêt.

Comment vos expériences dans le théâtre s’intègrent à votre travail de cinéaste?

Je ne fais pas ou peu de différence avec mon travail personnel. Les perceptions sont différentes entre le théâtre et le cinéma. J’ai forcément intégré ce que je savais faire, ce que j’ai appris. Je me nourris beaucoup de ce que je vois dans le théâtre, particulièrement du travail avec les acteurs. J’explore beaucoup le cinéma expérimental, l’image et sa fabrication, mais je connais mal le travail des acteurs et leur relation avec un réalisateur ou un metteur en scène.
Au théâtre, on est dans un autre état de conscience qu’au cinéma, c’est comme la méditation, il faut faire tomber la tête dans le cœur et travailler autant que possible sur l’intention. C’est ça je crois la créativité.

Propos recueillis le vendredi 15 juin 2007, au CDDB-Théâtre de Lorient, Centre Dramatique National