La Quinzaine des Spectacles · 30 octobre 2003 · "... OÙ BOIVENT LES VACHES."

La Quinzaine des Spectacles · 30 octobre 2003 · "... OÙ BOIVENT LES VACHES."
Les comédiens prennent grand plaisir à dérouler les surprises et les incohérences créatives du verbe Dubillardien.
Presse nationale
Critique
Stéphane Bugat
30 Oct 2003
La Quinzaine des Spectacles
Langue: Français
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La Quinzaine des Spectacles

30 octobre 2003 · Stéphane Bugat

Retour vers DUBILLARD

Jeune metteur en scène inspiré, ÉRIC VIGNER voue une égale admiration à Marguerite Duras et à Roland Dubillard. On peut sans doute considérer avec circonspection cette double filiation littéraire dont le voisinage n'a rien d'évident. Toujours est-il qu'après avoir monté Savannah Bay, à la Comédie Française, ÉRIC VIGNER s'emploie à redonner à Dubillard la place qui, à ses yeux, devrait lui être plus communément reconnue.

Dubillard, poète loufoque et humaniste déroutant. Dubillard qui joue avec les mots et avec le (non)sens des mots. En l'occurrence, VIGNER propose "...Où boivent les vaches.", une pièce quelque peu oubliée de l'auteur de Naïves hirondelles. Une pièce qui fut créée en 1972, avec une mise en scène de Roger Blin, ce qui suffit à en marquer l'importance. Une manière tout de même quelque peu anti-conformiste de marquer la naissance du nouveau Centre Dramatique National de Bretagne (CDDB).

Il y est question d'un artiste surdoué (poète, peintre, architecte, etc.) que le doute existentiel saisit, en dépit de l'unanime reconnaissance de ses contemporains et de la gluante affection de ses proches. Cela étant, il est présomptueux de s'attarder sur la signification exacte d'un récit pour le moins décousu. Mieux vaut se laisser porter par la prose provocante et désemparée de l'auteur.

VIGNER, tout en faisant acte de fidélité à l'esprit, y ajoute son esthétique luxuriante et provocante, à l'instar de la scénographie qu'il a également assurée et des costumes de Paul Quenson. Pour faire bonne mesure, toute la distribution rivalise de fantaisie farceuse, avec une mention particulière pour Jean-Damien Barbin. À l'évidence, les comédiens prennent grand plaisir à dérouler les surprises et les incohérences créatives du verbe Dubillardien. Le spectateur qui apprécie la bonne humeur et la créativité du langage y trouve son compte, au point d'accepter sans rechigner quelques longueurs et une compréhension quelque peu incertaine du propos général.