La Marseillaise · 17 novembre 2006 · JUSQU'À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE

La Marseillaise · 17 novembre 2006 · JUSQU'À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE
Le complexe d'Œdipe trouve ici une nouvelle lecture d'une beauté sombre.
Presse régionale
Critique
Maxime Romain
17 Nov 2006
La Marseillaise
Langue: Français
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La Marseillaise Aix-Gardanne

17 novembre 2006 · Maxime Romain

Belle réflexion sur les rapports mère-fils

En peu de temps, Rémi De Vos s'est imposé comme l'un des grands dramaturges contemporains. Né en 1963 à Dunkerque, il a signé quelques belles pièces qui parlent toutes de la difficulté à communiquer ses sentiments.

Pleine lune, Alpenstock, par exemple (pièces publiées chez Actes Sud-Papiers), ou encore Laisse-moi te dire une chose, qui met en scène une mère atteinte de maladie incurable et qui tente à l'hôpital de renouer les liens avec son fils. Les rapports oedipiens, les relations tendues entre mère et fils sont également le centre de sa splendide pièce Jusqu'à ce que la mort nous sépare qui vient d'être montée par Éric Vigner, déjà l'orfèvre du bouleversant Savannah Bay de Marguerite Duras donné au Français puis au Jeu de Paume avec Catherine Samie, et Catherine Hiegel.

Avec un sens très artistique Éric Vigner a rendu toute la dimension dramatique de Jusqu'à ce que la mort nous sépare, (dont le texte est disponible chez Actes SudPapiers), en imposant d'abord un décor, où, par rideaux interposés flotte un halo de mystère. Au centre de la scène trois personnages Madeleine, la mère jouée par Catherine Jacob, Simon son fils incarné par un étonnant Micha Lescot, et Anne, l'amie du fils campée par Claude Perron.

Au retour d'une crémation, la mère et le fils ramène l'urne contenant les cendres de la grand-mère à la maison. Par maladresse, Anne casse l'urne, et Simon fera tout pour dissimuler l'incident à sa mère. Cette dernière a d'ailleurs d'autres chats à fouetter, notamment tenter de régler ses comptes avec son fils qu'elle brime de manière possessive depuis l'enfance, tandis que lui, pour lui échapper lui annonce son mariage avec Anne, qui ne semblait pas au courant.

Quiproquos, non-dits, violence contenue, Jusqu'à ce que la mort nous sépare est un texte drôle et tragique à la fois, dont Éric Vigner aidé par des comédiens au diapason fait ressortir le charme vénéneux. Le complexe d'Œdipe trouve ici une nouvelle lecture d'une beauté sombre, et qui est ici magnifié autant par la force du texte que par l'intelligence de la mise en scène et le jeu sans failles des trois magnifiques comédiens.