Le Figaro · 8 novembre 2008 · OTHELLO

Le Figaro · 8 novembre 2008 · OTHELLO
Affrontement au sommet mais avec des faiblesses.
Presse nationale
Critique
Armelle Héliot
08 Nov 2008
Le Figaro
Langue: Français
Tous droits réservés

LE FIGARO

Samedi 8 novembre 2008 · ARMELLE HÉLIOT

OTHELLO à l'Odéon: la nuit de métal

ÉRIC VIGNER signe la mise en scène, le décor et les costumes de la grande tragédie de SHAKESPEARE. OTHELLO fascine. La grande tragédie de SHAKESPEARE (1604) a connu des dizaines de traductions, a été adaptée pour l'opéra par ROSSINI et bien sûr VERDI, a donné un admirable ballet de JOSÉ LIMON, LA PAVANE DU MAURE, des films magnifiques, ORSON WELLES pour le théâtre, ZEFFIRELLI pour le lyrique, CARMELO BENE pour une transcription radicale. Et il existe de nombreux ouvrages dans lesquels une scène d' OTHELLO est reprise, citée. Ces dernières années, en France, on a pu découvrir plusieurs versions de la pièce elle-même, CLOOS, PITOISET, DONNELLAN. Par-delà le venin de la jalousie qui conduit Othello à tuer Desdémone, c'est la relation du grand soldat avec Iago qui est toujours éclairée, et de différentes manières. On est dans un monde d'hommes, on ne cesse de célébrer la beauté de Cassio, et l'amour haine de Iago pour Othello est claire.

Courage et noblesse

Le spectacle d'ÉRIC VIGNER échappe aux grilles de lecture trop rigides. Il a conçu la scénographie, grands éléments mobiles, escaliers et panneaux de moucharabiehs de métal qui changent de couleur selon les éclairages. Les protagonistes montent, descendent. Un peu trop. Les costumes sont en noir et blanc. Léger abus de combinaisons au début. Metteur en scène, il impose une Desdémone rebelle et forte (BÉNÉDICTE CERUTTI, flamboyante et sensible) et s'intéresse à la relation de Iago et d'Othello en suivant la lettre même de SHAKESPEARE. La traduction adaptation qu'il signe avec RÉMI DE VOS ne manque pas de coquetteries ("dîners en ville"), mais elle est claire, belle, efficace. Attention aux voix qui se perdent sur le grand plateau dès que les acteurs tournent le dos à la salle. La distribution est cohérente. VINCENT NÉMETH, Brabantio, le père de Desdémone est très bon, comme le Cassio de THOMAS SCIMECA. Dans le rôle-titre, SAMIR GUESMI, longue silhouette athlétique, impose courage, noblesse face au Iago lyrique et enfiévré de MICHEL FAU. Affrontement au sommet mais avec des faiblesses.