Ouest France · 4 avril 1998 · LA BRETAGNE DE CHATEAUBRIAND

Ouest France · 4 avril 1998 · LA BRETAGNE DE CHATEAUBRIAND
La mise en scène, sobre et sensible et le jeu des lecteurs doublé de la voix d'Annie Ébrel, ont projeté les auditeurs instinctivement dans l'intimité de l'écrivain.
Presse régionale
Critique
04 Avr 1998
Ouest France
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Ouest France

4 avril 1998

Mémoires d'outre-tombe, le monstre

Éric Vigner a rendu hommage à François-René de Chateaubriand jeudi soir au Centre dramatique de Bretagne (CDDB). Sa mise en scène, sobre et sensible - une mise en être- et le jeu des lecteurs doublé de la voix d'Annie Ébrel, ont projeté les auditeurs instinctivement dans l'intimité de l'écrivain.

Décor quasi-absent : une table, deux chaises et une bougie. C'est l'habitude du CDDB, à l'occasion de ses rituelles lectures. Pourtant, jeudi soir, on s'est installé aisément dans l'antre de François-René de Chateaubriand. Les lectures ont été élaborées à partir d'extraits du tome 1 des Mémoires d'outre-tombe. Les intermèdes musicaux d'Annie Ébrel, incarnant également l'amour de l'auteur, sa sœur Lucile, ont offert de la profondeur aux textes. Chateaubriand (Émerick Guézou) est espiègle, emporté, amoureux, inquiet. Sa voix est pétillante, claire, et c'est ce qui sublime la poésie de l'auteur, si touchante, évidente.

Le jeu est exalté à la lecture de Printemps en Bretagne. René, debout sur une chaise, s'enivre des images printanières, Lucile, affalée sur la table, telle une enfant, écoute. La mise en scène a joué sur la complémentarité des deux êtres, comme un couple. Lucile est allongée par terre, les bras en l'air, perpendiculaires à son corps. Un peu plus loin, en retrait, il est debout, les bras au-dessus de la tête, écho de la voix de sa sœur. Et puis, la mort survient, la lecture se fait puissante. La proximité entre le public et les personnages est telle qu'au dernier mot, l'on s'étonne de ne pas en recevoir davantage.