Opmuda · Mai 2004 · ANTIGONA

Opmuda · Mai 2004 · ANTIGONA
Le tragique destin d'Antigona ou les splendides vocalises de Maria Bayo
Presse régionale
Critique
J. Bonnaud
Mai 2004
Opmuda
Langue: Français
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Opmuda

Mai 2004 · J. Bonnaud

Le tragique destin d'Antigona ou les splendides vocalises de Maria Bayo

Belle entreprise que celle de "ressusciter" cette oeuvre de TRAETTA : Antigona, ne serait-ce que parce qu'elle apporte un éclairage sinon nouveau tout au moins plus précis sur la musique théâtrale de cette partie du XVIIIème siècle où les présences du jeune Mozart et de Haydn d'une part, de Gluck d'autre part et l'ombre de J.P. Rameau ont fait que l'on occulte le répertoire de cette époque.

On a rencontré un excellent TOMMASO TRAETTA dont on doit souligner la sûreté d'écriture tant pour les voix que pour les musiciens de l'orchestre. On retient le sens du drame qui jamais ne fléchit dans cette épouvantable histoire issue des Grecs, lesquels étaient des personnages pour le moins aussi compliqués que nous autres, en outre les aspects mélodiques de l'ouvrage sont autant de belles pages qui sont à mettre dans les meilleurs gosiers. Une fois encore les "Talens lyriques" ont fait honneur à leur réputation en nous communiquant la joie qu'offre cette musique du XVIle.

Mais l'esthétique théâtrale du XVIII et du XXIèmes siècles a beaucoup évolué, TRAETTA n'avait-il pas pensé que son Antigona pouvait être aussi un oratorio ? Car l'action est relativement mince, tout au moins en fonction de ce que nous avons perçu de la mise en scène d'Éric Vigner. Celle-ci était relativement spartiate et hormis une sorte de séance d'aérobic grec au deuxième acte, elle donnait lieu à une lecture stricte qui permettait de ses concentrer sur le chant et sur la musique. Et dans ce dernier domaine nous avons été copieusement servi, principalement par les trois dames de ce drame qui ont apporté une intensité, une véritable caractérisation de leurs personnages, sans la moindre faille ou erreur tout au long de l'ouvrage.

Bien sûr, une fois encore Maria Bayo a montré au public montpelliérain qu'elle était une des plus grandes divas du moment, nous gratifiant de vocalises et d'inflexions absolument remarquables gratifiant d'une tension constante ce personnage d'Antigone à vrai dire hors du commun, dans TRAETTA comme dans la tragédie antique ; mais dans le rôle d'Emone Laura Polverelli et Marina Comparato dans celui d'Ismène ont été ses égales nous faisant admirer le timbre du mezzo. Un grand trio de dames intelligentes, expressives et vocalement parfaites. Evidemment, on serait tenté de croire que les deux autres protagonistes, les ténors Kobie van Rensburg (Créonte) et John Mc Veigh (Adraste) leur ont été inférieurs, ce serait faux et injuste à la fois tant ils se sont mis au diapason des dames.