Ouest France · 17 octobre 1998 · MARION DE LORME

Ouest France · 17 octobre 1998 · MARION DE LORME
C'est du théâtre total.
Presse régionale
Avant-papier
Pierre Gilles
17 Oct 1998
Ouest France
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Ouest France 

17 octobre 1998 · Pierre GILLES

Le premier drame romantique de VICTOR HUGO

ÉRIC VIGNER, qui dirige depuis 1995 le Centre dramatique de Bretagne à Lorient, vient au Quartz montrer sa dernière création : MARION DE LORME, de VICTOR HUGO, dans la version originale de la pièce, celle de 1829, jamais jouée pour cause de censure à l'époque. Le premier drame romantique français, une grande pièce aussi sur l'art du théâtre.

Le Breton ÉRIC VIGNER est un habitué de Brest et du Quartz. En 1992, il a créé ici Le Régiment de Sambre et Meuse, un spectacle très fort sur la guerre en morceaux choisis. En 1993, au Stella, il adaptait pour le théâtre La pluie d'été, un superbe texte de Marguerite Duras. En 1996, il donnait au Quartz L'illusion comique de Pierre Corneille, une grande et belle leçon de théâtre. La saison dernière, il était complice de Jacques Rebotier dans Toi cour, moi jardin. Le voici qui s'attaque maintenant à VICTOR HUGO, avec MARION DE LORME, dans la version originale de la pièce, écrite en 1829, et jamais jouée pour cause de censure sous le règne de Charles X.

Il fallut la révolution de 1830 et l'abolition de la censure pour que la pièce, remaniée sur la fin, soit enfin représentée en 1831, avec l'actrice lorientaise Marie Dorval dans le rôle-titre. Depuis, MARION DE LORME - contrairement à Hernani, Ruy Blas ou Lucrèce Borgia - a été assez peu jouée. La dernière représentation remonterait à une trentaine d'années, à la Comédie Française. C'est le hasard, alors qu'il dirigeait il y a deux ans un atelier à l'école du Théâtre national de Strasbourg, qui a mis en relation ÉRIC VIGNER et le théâtre de VICTOR HUGO, notamment MARION DE LORME. Ce fut un vrai coup de coeur.

Car, au-delà de l'anecdote - une histoire d'amour et de mort, de courtisane et de duel - VICTOR HUGO met en application ses principes sur le nouveau théâtre romantique, développés dans la préface de Cromwell. Un théâtre libre.

Ce que résume ÉRIC VIGNER par cette expression : "Corneille plus Shakespeare = HUGO."

"Dans cette pièce, il y a tout et son contraire, le ludique, le littéraire, le politique, poursuit le metteur en scène, c'est ce qui m'a intéressé, c'est du théâtre total, le théâtre que j'ai envie de faire."

Des musiciens de l'ensemble brestois Matheus participent au spectacle créé à Lorient le 1er octobre dernier : " Ils soufflent le vent romantique, d'un bout à l'autre. La troupe, elle, est très jeune. Normal : c'est une pièce sur la jeunesse, et sur la foi en l'avenir. L'avenir de l'art en tout" cas. Ce que dit VICTOR HUGO dans la préface de MARION DE LORME en 1831 : "Il y a des esprits qui disent que la poésie est morte, que l'art est impossible. Pourquoi ? Tout est toujours possible à tous les moments donnés et jamais plus de choses ne furent possibles qu'au temps où nous vivons."