Le Télégramme · 3 novembre 1998 · MARION DE LORME

Le Télégramme · 3 novembre 1998 · MARION DE LORME
MARION DE LORME au Théâtre de Cornouaille.
Presse régionale
Avant-papier
03 Nov 1998
Le Télégramme
Langue: Français
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Le Télégramme

3 novembre 1998

Marion de Lorme jeudi et vendredi au Théâtre de Cornouaille

"Représenter Marion de Lorme, dit le metteur en scène Éric Vigner, est une nécessité pour le théâtre seulement, mais sérieuse. Cette pièce s'impose à un metteur en scène". Marion de Lorme fut écrite du 2 au 26 juin 1829. Une lecture privée eut lieu le 9 juillet. Le lendemain, le baron Raylor, directeur du Théâtre français, recevait de Victor Hugo, l'autorisation de représenter le drame, devançant les directeurs de l'Odéon et du Théâtre de la Porte Saint-Martin également désireux de se le voir réserver. Mais la censure imposait des modifications au texte, concernant l'image qui, à l'acte IV était donnée de Louis XIII, dont Charles X est le descendant. Pour amadouer Hugo, il lui fut offert de doubler la pension que lui avait accordée Louis XVIII "s'il modifiait sa pièce". L'écrivain refusa et retira son drame.

Ce n'est que le 11 août 1831, au Théâtre de la Porte Saint-Martin qu'eut lieu la première de Marion de Lorme. Hugo voulait toucher un public plus large et plus populaire que celui du Français. Il y eut 24 représentations. La critique se montra tiède. Elle reprochait à Marion, une courtisane de Louis XIII, d'être "une mauvaise héroïne de roman, pleurant sans cesse, se roulant par terre, jouant l'innocence et la vertu".

Une reprise de Marion de Lorme eut lieu le 8 mars 1838 au Théâtre français, Marie Dorval y tenait le rôle principal. Baudelaire qui vit la pièce, écrivit à Victor Hugo. "La beauté de ce drame m'a tellement enchanté et m'a rendu si heureux que je désire vivement connaître l'auteur et le remercier de près" (lettre du 25 février 1840).

Courtisane Marion de Lorme était l'une des plus belles courtisanes qui défrayèrent la chronique du XVII° siècle. Victor Hugo s'est inspiré du personnage en le transférant dans le domaine de la poésie romantique. Dans le drame, elle mène une existence solitaire, purifiée par l'amour de Didier, un personnage romantique et secret. Ses sentiments pour Marion le conduisent à croiser le fer avec le marquis Gaspard de Saverny, ancien amant de Marion qui a, en le reconnaissant, l'indélicatesse de s'en souvenir. Le duel est interrompu par l'arrivée des gardes du Cardinal de Richelieu, ennemi juré des mousquetaires du roi, qui avait instauré la peine de mort pour quiconque serait surpris les armes à la main...

Éric Vigner, brillant metteur en scène de Pluie d'été, de Brancusi contre États-Unis donne ici sa vision de l'oeuvre de Victor Hugo. Sa version a ému et émerveillé bon nombre de spectateurs, depuis sa création à Lorient le 1 er octobre dernier.