Le Télégramme · 12 octobre 2006 · JUSQU'À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE

Le Télégramme · 12 octobre 2006 · JUSQU'À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE
Une mise en scène moderne, recherchée et bourrée de références cinématographiques.
Presse régionale
Critique
Isabelle Nivet
12 Oct 2006
Le Télégramme
Langue: Français
Tous droits réservés

Le Télégramme

12 octobre 2006 · Isabelle Nivet 

Éric Vigner invente le théâtre en cinémascope

Le Grand théâtre, complet, accueillait, mardi soir, une création du CDDB, sur un texte de Rémi de Vos, Jusqu'à ce que la mort nous sépare. Mise en scène moderne, recherchée et bourrée de références cinématographiques, Éric Vigner serait-il sur les traces de Blake Edwards ?

C'est une histoire de cadavre dans le placard. Ou plutôt d'urne funéraire. Autour de rebondissements burlesques et de gesticulations comiques, les reproches, les souffrances, les non-dits d'une famille ressurgissent finement. Impossible d'en raconter plus, on se réjouira à découvrir le talent de De Vos à rendre nauséeusement comiques les histoires de famille.

Hommage à Peter Sellers

Pas toujours facile pour son texte de se faire entendre. La mise en scène se taille la part du lion, éclipsant presque les acteurs. Mais les acteurs font partie de la mise en scène. On retrouve avec plaisir la direction très corporelle de Vigner, presque une partition chorégraphique. Loufoquerie, ombres chinoises, glissades, le corps parle ici plus que les voix, qui se la jouent très cartoon.

Clin d'œil à Jane Fonda

Claude Perron campe une poupée évaporée, sexy et calculatrice, en escarpins vernis crème, mi-Barbarella mi-Tippi Hedren. Complètement hors d'elle, elle n'est plus que plastique, balançant sa longue queue de cheval en extensions blondes, à la façon des illustrations de Monsieur Z. A ses côtés, dégingandé, désarticulé, le filiforme et caoutchouteux Micha Lescot se plie et se déplie avec un vocabulaire corporel hilarant.

Un ton en dessous

Reste la grande Catherine Jacob, qu'on sentait un peu tendue pour la première. On l'aurait préférée un peu moins timide, un peu plus mordante, un peu plus à l'aise. Mais les prochaines représentations lui en donneront probablement l'occasion.

Comme au cinéma

Autour de tous ces éléments, le décor. Une merveille en cinémascope, à la coloration seventies, inspirée des films d'Hitchock, des maisons de Frank Lloyd Wright. Bourrée de références cinématographiques, on pense inévitablement à La Mort aux trousses pour les murs de pierre, ou à La Party pour la déco. Bande-son raccord, avec des samples de Vertigo, La Party, mais aussi du Debussy, du Sex Pistols ou du Bashung et un clin d'œil à Jacques Tati, avec des bruitages très drôles.