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28 mai 2012 · Par Jean-Pierre BOURCIER
Livre Initiales K.M.G.
Le Théâtre National de Strasbourg.TNS publie un bel ouvrage-texte, voix d'artistes sur CD intégré, images-retraçant les aventures artistiques du metteur en scène allemand Klaus Michael Grüber enterré en 2008 à Belle-Ile. Passionnant. C'était en décembre 1984. Le quotidien Libération titrait dans ses pages culturelles « Klaus Grüber est grand ». L'article, signé Jean-Pierre Thibaudat, retrouvait dès la première ligne l'identité entière, les trois initiales de l'homme de théâtre 'Klaus Michaël Grüber', né en 1941 en Allemagne. Et de rappeler alors ses voyages dans les années 60 vers l'Italie, notamment à Milan au Piccolo Teatro de Strehler. Puis ses retours en Allemagne au début de 1970, surtout à la Schaubühne (Berlin) aux côtés de Peter Stein. Enfin, dans la décennie 80, ses mises en scènes en France. Notamment, comme le soulignait alors Thibaudat, en 1984 à la Comédie-Française, "dans la plus vieille championne de France ... et sur son terrain, le XVIlè siècle, Klaus Michaël Grüber gagne en cinq actes Bérénice" !
En 2008, Klaus Michaël Grüber était enterré à Belle-Ile, dans le sud de la Bretagne. L'homme a beaucoup marqué le monde théâtral, notamment français. En 2010, le TNS -Théâtre National de Strasbourg - ouvrait une 3e salle et lui donnait le nom "Espace Klaus Michaël Grüber". Une volonté de Julie Brochen, directrice du TNS. Depuis, l'histoire de K.M.G. a un prolongement avec la publication par l'institution strasbourgeoise d'un bel ouvrage, joliment et intelligemment illustré et commenté.
Julie Brochen souligne dans ce "Michael Grüber" son "souvenir intact de chacun de ses spectacles (...), tout dans son travail était immensité, impudeur partagée, trouble profond, et beauté ...".
Dans ce livre-document, hommages et commentaires abondent. Éric Vigner - directeur du Théâtre de Lorient -, un des témoins de cette Bérénice mémorable, écrit : "Grüber fut pour moi un maître en secret comme on pu l'être Piero de la Francesca ou Giorgione" !
Témoignage encore, percutant aussi, de l'incontournable et immense acteur André Wilms à propos de cette Bérénice à la Comédie-Française qui l'a décidément troublé : "Et un corps érotique - Ludmila Mikaël - sur des planches où jusqu'à ce jour-là aucun sexe n'avait eu droit de cité" !
Un CD permet d'entendre les voix des nombreux témoignages d'artistes/comédiens dont la vie professionnelle a croisé celle de "K.M.G" : Jean-Pierre Vincent, Hanna Schygulla, Wilms, Piccoli, Angela Winkler, Julie Brochen, Jeanne Moreau... L'ouvrage est passionnant a plus d'un titre avec ses trois "dimensions" : textes, voix, photos. Retenons encore le propos du comédien André Marcon qui a travaillé avec Grüber sur La Mort de Danton : "Luc Bondy a dit au moment de sa [K.M.G.] mort : "C'est encore plus triste qu'on ne l'imaginait'... Je le pense aussi".