Ouest France · 19 janvier 2012 · PLACE ROYALE

Ouest France · 19 janvier 2012 · PLACE ROYALE
Le XVIIe siècle s'adresse à chacun d'entre nous.
Presse régionale
Critique
19 Jan 2012
Ouest France
Langue: Français
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Ouest France

19 janvier 2012

La Place Royale, une pierre précieuse aux multiples facettes - Brest

L'amour est au centre de La Place Royale de Corneille. Alidor aime Angélique, mais ne veut pas renoncer à sa liberté en l'épousant. Bien sûr, le fameux héros cornélien, toujours en proie à un conflit intérieur, entre ses sentiments et le sens du devoir. Sauf que là, nous n'y sommes pas encore. Dans cette œuvre de jeunesse, le dramaturge, en guise d'obligation morale, nous offre mensonges et manipulations.

La mise en scène plastique et fluide d'Éric Vigner renforce cette idée de refus d'engagement, de fuite, de tourbillon d'une jeunesse inconstante. Des parois de verre mobiles pour un simulacre de cache-cache entre les personnages, au-delà de la simple évocation d'un changement de lieu. Un pas en avant, un pas en arrière. Acceptation, refus. Un sol de mosaïque, alias la très parisienne place Royale, accueille un long ballet où les mêmes portent des masques de cervidés. C'est vrai que leurs rapports rappellent la poursuite de la chasse à courre.

Universalité

Éric Vigner revisite le baroque de pied en cap. Aucune fausse note dans ses costumes qui font la part belle à la lumière. Un séduisant mélange entre Palais Royal et colonnes de Buren. Un semblant d'opéra également où la musique viendrait soutenir des récitatifs.

Si la distribution reflète bien la mixité de la société d'aujourd'hui, elle nous montre également combien Corneille appartient à tout le monde. Plus que l'idée de la modernité, c'est celle de l'universalité que nous retiendrons. Qu'importe la culture d'origine, le dramaturge du XVIIe siècle s'adresse à chacun d'entre nous. Si son langage paraît codé par les alexandrins, il peut se faire l'écho du slam contemporain et les accents des comédiens sembler comme la métaphore de la pluralité du français de l'époque, où les différences étaient souvent plus marquées que les colorations entendues ici.