Trois écritures, six tableaux, un prologue et un épilogue · LA BÊTE DANS LA JUNGLE

Trois écritures, six tableaux, un prologue et un épilogue · LA BÊTE DANS LA JUNGLE
Trois écritures, six tableaux, un prologue et un épilogue
Commentaire & étude
2002
Programme MAC Créteil
Langue: Français
Tous droits réservés

Trois écritures, six tableaux, un prologue et un épilogue

L'histoire

C'est la première fois que John Marcher vient à Weatherend. Il y rencontre Catherine Bertram. L e temps les av ait séparés m ais aujourd'hui tout les rapproche : le souvenir d'un voyage en Italie, une ancienne confidence, l'esprit des lieux et surtout la certitude d'être si différents des autres et si semblables l'un à l'autre. En dépit du hasard miraculeux de cette nouvelle rencontre, ceci n'est pas un conte de fées ou plutôt, quand la pièce commence, le conte de fées appartient déjà au passé, à cette Italie du souvenir où tout aurait dû commencer.

John Marcher retrouve une femme qu'il a croisée autrefois, qu'il a laissée passer, mais à qui il a confié le secret de sa vie. Quand il la retrouve, cette seule confidence la lui rend chère. Il l'entraîne au nom de ce secret et de cette confidence, malgré lui sinon malgré elle, dans l'attente dérisoire d'un événement qui n'arrivera jamais. Par amour pour lui, Catherine Bertram accepte ce pacte par lequel elle consent à attendre avec lui l'événement terrible qui doit donner un sens à sa vie. Les années passent et elle le regarde regarder, elle le regarde se regarder inlassablement.
John Marcher cherche à l'extérieur, dans son destin à venir, dans un futur incertain, cette menace de déchéance, ce monstrueux anéantissement auquel il se dit promis. Cette force maléfique dont il se croit la victime, en un mot cette «Bête dans la jungle» qui est tapie en lui-même.
Corseté, on attend la Bête et comme elle ne vient pas, on croit l'avoir domptée, tandis qu'elle s'en donne à coeur joie dans cette jungle qu'on lui a réservée et sait, comme celle de l'Apocalypse, que son heure est certaine.

Trois écritures

La bête dans la jungle : trois écritures — Henry James, James Lord, Marguerite Duras, deux genres littéraires — une nouvelle et une pièce de théâtre, deux langues — l'Anglais et le Français,  trois versions théâtrales, élaborées sur plusieurs années, au cours (lesquelles l'adaptation française de 1961-1962 a encore été modifiée jusqu'à sa publication finale en 1981 dans les éditions Gallimard.
La mise en scène et la scénographie d'Éric Vigner s'appuie sur la structure particulière de cette oeuvre : six tableaux, un prologue et un épilogue.
Une construction qui impose la question de l'isolement de l'image, l'image faisant partie d'un décor, partie d'un théâtre, partie d'un monde...
Derrière une image, une autre image, on passe à travers pour en trouver une autre encore et une autre, jusqu'à ce que finalement on se débarrasse des images, jusqu'à ce que finalement on accepte d'être là, simplement — dans un espace blanc — débarrassé des apparences.