Un voyage dans l'écriture de Duras · Jean-François Perrier · PLUIE D'ÉTÉ À HIROSHIMA

Un voyage dans l'écriture de Duras · Jean-François Perrier · PLUIE D'ÉTÉ À HIROSHIMA
Un voyage dans l'écriture de Duras
Commentaire & étude
Jean-François Perrier
Langue: Français
Tous droits réservés

JEAN-FRANÇOIS PERRIER

C'est à un voyage dans l'écriture de MARGUERITE DURAS que nous invite Éric Vigner à travers deux textes emblématiques de l'auteur, un voyage qui est l'aboutissement d'une longue histoire.

Lorsqu'il présente La Pluie d'été au Conservatoire national supérieur d'Art dramatique à Paris en 1993, le jeune metteur en scène rencontre MARGUERITE DURAS qui, heureuse de ce travail, lui donne en cadeau l'autorisation de monter au théâtre le scénario qu'elle a écrit en 1960 pour Alain Resnais, Hiroshima mon amour.

De cette fidélité réciproque naît le désir de présenter ensemble les deux opus durassiens qui ont tous deux à voir avec le cinéma. Entre l'histoire de cet enfant, Ernesto, qui ne veut pas aller à l'école "parce qu'à l'école on m'apprend des choses que je ne sais pas" et l'histoire de cette femme qui se rend à Hiroshima après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces pages comptent parmi les plus belles de l'écrivain, des pages qui se répondent entre elles, comme deux épisodes d'une seule et même œuvre.

Un projet de théâtre tout entier construit autour de l'"intime", que DURAS expose et transpose , et du "spirituel", à travers Ernesto qui découvre "l'inexistence de Dieu" et Hiroshima l'apocalyptique.

Cette nouvelle adaptation tisse un lien d'une œuvre à l'autre, d'une écriture à l'autre, car c'est bien d'écriture dont il s'agit. Celle de DURAS, qui entraîne celle de Vigner, lequel s'appuie sur celle des graphistes M/M, dans une scénographie qui permet de s'immerger dans la parole fascinante de l'auteur, d'en suivre les tours et les détours.

Ces confrontations à l'œuvre de l'autre trouvent leur écho dans la rencontre entre "Elle", la Française de Nevers, tondue en 1945, et "Lui", le Japonais qui a survécu au bombardement sur Hiroshima, et qui sera interprété par le célèbre comédien japonais Atsuro Watabe. Il n'y a plus d'amour possible entre eux, mais ces êtres sortis d'aventures exceptionnelles ont encore la possibilité de vivre le désir, de dialoguer même imparfaitement.

Il y a en partage dans les deux œuvres de l'étrangeté et du mystère, des tourments, des impuissances, du désir et des désirs et, au centre, la question de l'existence de Dieu - en somme, tous les questionnements essentiels de l'homme écrits dans une langue unique, une langue du doute permanent qui ne refuse jamais l'émotion des sentiments.