Ouest France · 8 octobre 2003 · "... OÙ BOIVENT LES VACHES."

Ouest France · 8 octobre 2003 · "... OÙ BOIVENT LES VACHES."
ÉRIC VIGNER démontre une nouvelle fois qu'il manie la scénographie avec dextérité et élégance.
Presse régionale
Critique
Jérôme Gazeau
08 Oct 2003
Ouest France
Langue: Français
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Ouest France

8 octobre 2003 · Jérôme GAZEAU

Éric Vigner signe une mise en scène jubilatoire de l'oeuvre de DUBILLARD

Par quel bout prendre DUBILLARD ? Par la queue ou par les cornes ? "...Où boivent les vaches." est un univers parfaitement étrange dans lequel plonge ÉRIC VIGNER avec délice. Le résultat est une pièce formellement superbe sur un texte dans lequel chacun entre par la porte de son choix.

Vigner quitte pour un moment l'univers durassien. Après La bête dans la jungle, que la dramaturge française avait adaptée d'une oeuvre éponyme d'Henry James et Savannah Bay, qui a ouvert avec éclat la saison de la Comédie Française l'an dernier, le directeur du Centre dramatique national de Bretagne renoue avec ses premières amours . C'est en effet avec Roland DUBILLARD et La maison d'os qu'ÉRIC VIGNER a démarré la mise en scène, il y a bientôt quinze ans. "...Où boivent les vaches." est une pièce multiforme, dans laquelle il est beaucoup plus question d'eau que de lait. Félix, l'homme par qui tout arrive, a constamment un verre d'eau à la main. Cette eau finira par sortir de sa bouche, le rendant enfin "utile".

Entre le début et la fin de la pièce, il y a deux heures et quart de joyeux délire. DUBILLARD n'est pas venu du café-théâtre pour rien : l'homme, le langage, les codes, les honneurs, les relations familiales, tout cela en prend pour son grade. Il faut déchiffrer, ce n'est pas simple. On peut aussi se laisser tranquillement porter par la mise en scène et le jeu des acteurs. Cela devient jouissif. Avec "...Où boivent les vaches.", ÉRIC VIGNER démontre une nouvelle fois qu'il manie la scénographie avec dextérité et élégance, à la façon d'un couturier de grande maison. Les costumes sont surprenants, le décor valse littéralement sur des roulettes, les acteurs emboîtent le mouvement avec une jubilation totale. Ils sont huit sur scène, chacun à sa place. On retiendra quand même, au-dessus du lot l'étonnante prestation de Jean-Damien Barbin, véritable métamorphose vivante, capable d'épouser plusieurs rôles, tous plus drôles les uns que les autres.