Ouest France · 30 septembre 2006 · LE BOURGEOIS GENTILHOMME

Ouest France · 30 septembre 2006 · LE BOURGEOIS GENTILHOMME
Une reprise plutôt glamour.
Presse régionale
Critique
Solanges Esteves
30 Sep 2006
Ouest France
Langue: Français
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Ouest France

30 septembre 2006 · Solange ESTEVES

Un Molière complètement "Asie"... muté

Mis en scène par ÉRIC VIGNER, la pièce Le Bourgeois gentilhomme est revisité par les artistes du Théâtre national de Corée. A voir à brest du 3 au 7 octobre.

Monsieur Jourdain, on l'imagine volontiers bien en chair. Comme un gros dindon balourd. Un peu moins comme ce bel acteur, jeune, mince et séduisant à qui le Théâtre national de Corée a confié le rôle-titre de son adaptation du Bourgeois gentilhomme. Après l'Opéra-comique, à Paris, où elle vient d'être jouée pendant quinze jours, la pièce arrive au Quartz pour cinq représentations. Une reprise du classique de Molière plutôt glamour... Avec parfois un petit côté In the mood for love.

Le metteur en scène, ÉRIC VIGNER, directeur du Centre dramatique dee Bretagne, à Lorient, ne cache d'ailleurs pas qu'il voulait insuffler de la sensualité à cette comédie-ballet de Molière et Lully.

Instruments et costumes traditionnels

En costumes de satin multicolore, les jeunes comédiens évoluent dans un décor inspiré, lui aussi, des traditions ancestrales coréennes. Sur le sol en pierre noire, se dessine un paon laqué de blanc. Des paravents géants reprennent eux aussi le motif d'une plume. Devant la scène, quatre musiciens interprètent les partitions de Lully avec des instruments traditionnels coréens.

Trois chanteurs lyriques tout de noirs vêtus répondent à des danseurs en tenues de combat d'un blanc virginal. Tantôt angéliques dans une roue de duvet blanc, tantôt endiablés maniant nunchakus et autres sabres dans un tourbillon magnifique. Cette chorégraphie est le moment où l'on chavire totalement dans l'univers coréen, oubliant qu'il s'agit en fait d'un classique du théâtre français.

Les acteurs jouent d'ailleurs en coréen, reprenant une traduction intégrale du texte de Molière tandis qu'un sous-titrage en français défile au plafond. L'intronisation du grand Mamamouchi n'en est que plus savoureuse: en guise de langue turque, Molière avait imaginé des dialogues incroyables mêlant latin, grec et autres vocables. Imaginez ce que donne cette scène interprétée par d'authentiques Asiatiques.,. Même remarque pour la scène des voyelles où le Bourgeois gentilhomme, guidé par son maître de philosophie, semble frôler l'extase quand il prononce les a, e, i, o, u avec un brin d'accent des plus charmants.