Le Télégramme · 15 mars 1997 · LE FUNAMBULE

Le Télégramme · 15 mars 1997 · LE FUNAMBULE
Dans une mise en scène sobre, Lambert Wilson a su apprivoiser la phrase poétique de Genet et charmer les oreilles, par la seule magie du verbe.
Presse régionale
Critique
15 Mar 1997
Le Télégramme
Langue: Français
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Le Télégramme

15 mars 1997

Le Funambule lu par Lambert Wilson : un exercice réussi

La salle du théâtre était comble, jeudi soir, à l'occasion de la lecture dirigée du Funambule de Jean Genet. Etait-ce lié à la simple présence d'un comédien courtisé par les réalisateurs, Lambert Wilson, ou à la beauté d'un texte dont les mots font mouche ? Les deux sans doute.

Ceux qui n'avaient réservé leur place à l'avance on dû le regretter. Jeudi soir, le théâtre affichait complet. C'est devant une salle pleine que Lambert Wilson a joué les récitants, entre le tournage de deux scènes du film d'Alain Resnais. Au programme de cette soirée qui s'annonçait sous les meilleurs auspices : Le Funambule de Jean Genet.

Dans une atmosphère fascinante, les spectateurs ont partagé avec le comédien 50 minutes empreintes d'émotion. Une étrange communion. Le texte, d'une force à l'épreuve des années, suscite des images qui inviter). l'imaginaire à s'envoler. L'écriture est belle et cherche à faire ressurgir des vérités enfouies au plus profond de chacun.

Lambert Wilson équilibriste

Comme pour le funambule sur son fil, l'exercice était périlleux. Lambert Wilson a lui aussi joué les équilibristes. Dans une mise en scène sobre, il a su apprivoiser la phrase poétique de Genet et charmer les oreilles, par la seule magie du verbe. Il apparait dans la pénombre, se penche pour ramasser un livre puis démarre sa lecture. Il arpente la scène, portant l'ouvrage à bout de bras, comme pour obliger sa voix à encore mieux porter les mots de Jean Genet. La lecture est ponctuée des interventions à la bombarde de Philippe Janvier. Tel un fil conducteur. Les pages se tournent. Trop vite.
Qui n'a jamais éprouvé de regret à refermer un livre ?

"Il s'agissait de t'enflammer, non de t'enseigner". Le récit de Genet s'achève ainsi. Lambert Wilson repose l'ouvrage à terre et quitte la scène. Genet et Wilson sont parvenus à leurs fins : enflammer l'assistance, l'un par les mots, l'autre en les révélant.