La scénographie, les costumes, l'éclairage · Éric Vigner · LA PLACE ROYALE

La scénographie, les costumes, l'éclairage · Éric Vigner · LA PLACE ROYALE
La scénographie, les costumes, l'éclairage.
Propos
Note d’intention & entretien
Éric Vigner
1986
CNSAD · Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique
Langue: Français
Tous droits réservés

La scénographie, les costumes, l'éclairage.

ÉRIC VIGNER · 1986

Plus qu'un décor, il s'agit de créer un espace, et d'établir un rapport spectateurs-acteurs en utilisant au mieux la salle Jouvet. C'est un lieu unique, polyvalent, ce n'est pas un théâtre, la division scène-salle n'est pas préexistante comme au théâtre du conservatoire. C'est une salle de cours à laquelle je souhaite préserver ce caractère de salle de travail lié au parti-pris dramaturgique, c'est à dire jouer avec le fait même d'être au sein du CNSAD, et pas ailleurs.

Pour cela je voudrais utiliser l'espace dans le sens de la largeur et disposer les spectateurs en trois rangs sur toute la longueur de la salle définissant ainsi un rapport privilégié spectateur-acteur. Ce procédé insérant comme lieu de passage, de rencontre, la "Place" de Corneille ("te rencontrer en la place royale") permets de résoudre ainsi le problème des sorties latérales. L'acteur peut maintenant passer d'un lieu à un autre. On définira donc trois sorties: la grande porte qui donne sur l'escalier d'honneur, la porte sortie de secours et le petit espace qui mène à la régie.

Il faudrait aussi rythmer l'espace par des piliers, de même style que ceux déjà en place, piliers qui définiront un couloir, un corridor, enfin un espace de transition inscrit dans un autre plus grand, suggérant un hors-champ que l'on utilisera au mieux ( travail sur les entrées et les sorties des personnages). Inspiré sans doute par la réalité architecturale actuelle du conservatoire, je souhaiterais utiliser des éléments d'échafaudage aux deux extrémités de la salle, pouvant se justifier dramatiquement de la façon suivante: passage d'un état à un autre, rénovation, tentative de bouleversement des idées établies sur l'amour ou sur la liberté en amour face à un ordre social. D'un point de vue pratique cela nécessiterait un éclairage latéral qui me semblerait plus adéquat à l'utilisation de la salle. Il est indispensable de respecter l'unité de temps et de lieu de la pièce, non pas tant par respect du "père de la dramaturgie classique" que parce qu'elles servent l'action et en accusent la vitesse (urgence de la résolution des projets liée à la jeunesse des personnages, tout se passe en une journée.)

C'est l'éclairage qui devrait le mieux rendre compte du passage du temps, des différents moments de la journée dans la comédie. Ainsi on peut imaginer la première scène vers onze heures du matin, la déclaration de foi d'Alidor en plein soleil à midi, puis au fil de l'action on irait vers la nuit et ce serait la dernier monologue d'Alidor à l'aurore. Le projet de maîtrise Alidorien suivrait une révolution solaire.

Je tiendrais les mêmes propos "réalistes" pour les costumes. L'important est de trouver des éléments signifiants concrets qui définissent pour l'ensemble des personnages leur appartenance au même monde, le monde universitaire, le costume ne renverra pas à une époque particulière, ou à une université particulière, il appartiendra au théâtre. Le costume définira le monde auquel appartient, sa classe, et sa psychologie.