Le Dauphiné Libéré · 20 janvier 1995 · LA PLUIE D'ÉTÉ

Le Dauphiné Libéré · 20 janvier 1995 · LA PLUIE D'ÉTÉ
Un théâtre en liberté, plein de désirs et d'émotion.
Presse régionale
Critique
C.S.
20 Jan 1995
Le Dauphiné Libéré
Langue: Français
Tous droits réservés

Le Dauphiné Libéré

20 janvier 1995 · C. S.

Lumineux ciel d'orage

Plus de deux heures sous LA PLUIE D'ÉTÉ et le doux sentiment de n'avoir pas vu le temps couler. C'était mardi soir au théâtre. Sur invitation du centre culturel de Montélimar, Éric Vigner, plasticien, metteur en scène et six jeunes comédiens droit sortis du Conservatoire, proposaient une pièce de Marguerite Duras. Adaptée d'un film de la romancière Les Enfants, La pluie d'été est un récit sur ce qu'on peut savoir en notre temps et sur ce qu'on peut apprendre. Une pièce à la parole épurée, clarifiée où les mots glissent apparemment anodins mais questionnent l'école, la société, Dieu, le monde.

Dans un décor dépouillé, extrèmement original, Éric Vigner, bouillonnant et inventif qui montera en mai prochain le Bajazet de Racine avec la troupe de la Comédie Française, en meneur de jeu rigoureux a su débarrasser le théâtre de toutes ses pesanteurs pour un théâtre en liberté, plein de désirs et d'émotion. La gestuelle franchement lumineuse, la fragilité et la force du souffle des comédiens, êtres humains avant d'être acteurs "performants" (comme les aime Éric Vigner) ont permis de découvrir un texte qui, au-delà des mots dévoilent la richesse intérieure d'une famille d'immigrés considérés par les autres comme des "absents". Dommage que les lycéens, que le sujet aurait pu intéresser, n'aient pas été plus présents à cette représentation exceptionnelle.