Aubervilliers Mensuel · Mai 1994 · LE JEUNE HOMME

Aubervilliers Mensuel · Mai 1994 · LE JEUNE HOMME
La folie intérieure du théâtre de Jean Audureau est réellement visuelle...
Presse régionale
Avant-papier
Mai 1994
Aubervilliers (Mensuel)
Langue: Français
Tous droits réservés

Aubervilliers Mensuel

mai 1994

Quatre pièces de Jean Audureau au TCA

Katherine Barker, c'était une grosse matronne qui n'avait pas son pareil pour sortir son revolver et tuer ses ennemis: pillages, vols, meurtres... Dans les années 20, le gang Barker (elle avait éduqué ses quatre fils à la suivre dans la sauvagerie) connut une bien triste célébrité... Un récit de mort et de folie contenu dans une oeuvre monumentale écrite au début des années 60: à Memphis, il y a un homme d'une force prodigieuse.

Son créateur, Jean Audureau, faisait jaillir dans cette pièce une fascination-répulsion pour l'Amérique inhumaine. Un western, genre qui lui a toujours évoqué la tragédie grecque. Et il y ajoutait même les déviances des Anciens: de la cruauté jusqu'à l'inceste (Miss Barker amoureuse de ses enfants?). Un mélange de barbarie et de civilisation.

"Cette époque, rappelle aussi l'auteur, c'est la naissance du jazz, une explosion de mouvements et de créations dans tous les domaines de l'art et de la vie. J'aime ce temps-là!"

Il y trouva cette folie dont son théâtre serait hanté adaeternam : de ce Jeune homme exaspéré parce qu'il ne trouve aucune réponse auprès d'un Kant vieillissant, à La Lève où une jeune courtisane, incapable de supporter la séparation avec l'homme qu'elle aime, bascule dans la démence.

Et que dire de Félicité, d'après le conte de Flaubert, drame d'une quinquagénaire frustrée, prête à se taper la tête contre les murs à force de ne pas pouvoir assouvir ses désirs. "Mes pièces sont faites pour être jouées et écrites pour être lues", aime à dire Jean Audureau. Et la folie intérieure de son théâtre est réellement visuelle...