République des Pyrénées · 25 février 1997 · BRANCUSI

République des Pyrénées · 25 février 1997 · BRANCUSI
Un drôle d'oiseau en haute cour
Presse régionale
Avant-papier
Jacques Caubet
25 Fév 1997
République des Pyrenées
Langue: Français
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La République des Pyrénées

25 février 1997 · Jacques Caubet

Un drôle d'oiseau en haute cour

Après le Palais des Papes à Avignon et le Centre Georges-Pompidou, le metteur en scène éric Vigner monte son spectacle dans l'enceinte du Palais de Justice de Pau (26, 27, 28 février). Marc Bélit, directeur du Parvis, réussit un coup d'exploit en présentant Brancusi contre états-Unis dans le décor de la première chambre civile de la Cour d'appel de Pau.
Le pari n'aurait pas été gagné, a-t-il dit en substance, sans l'enthousiasme que cette idée suscita auprès des magistrats et le soutien immédiat que lui apporta l'ancien procureur général, Michel Jacques.
Le successeur de celui-ci, Dominique Rousseau, et le premier président de la Cour d'appel de Pau, Hervé Grange, ont applaudi à leur tour à deux mains cette initiative, hier matin au Palais de justice, pour la présentation de cette pièce qui sera jouée demain mercredi 26, jeudi 27 et vendredi 28 février.
"L'institution judiciaire est soucieuse de s'ouvrir sur le monde extérieur. La pièce, qui est une définition de l'oeuvre par rapport à la règle de droit, ne laisse pas de marbre les juristes" a indiqué le premier président qui apprécie, en outre, "la qualité du spectacle". Pour le metteur en scène éric Vigner, directeur du Centre dramatique de Lorient, c'était aussi, a-t-il reconnu, une gageure de créer pour la troisième fois le spectacle de ce procès célèbre qui opposa, en 1927, le sculpteur franco-roumain Constantin Brancusi aux états-Unis. Qui plus est dans un décor à la fois austère et solennel. Mais il a relevé brillamment le défi.
L'histoire : les Douanes américaines avaient refusé l'entrée en franchise de l'oeuvre "L'Oiseau dans l'espace" en la taxant comme une vulgaire marchandise. L'épilogue en sera la reconnaissance de l'art moderne. Les minutes de ce procès, transposées au théâtre, ne sont pas - on s'en doute - interprétées sur un mode réaliste. Ce qui fait l'originalité de la pièce.
La générale aura lieu ce soir, à laquelle sont invités les étudiants de l'Ecole des Arts de Pau. Mais la salle d'audience ne pouvant contenir que 150 personnes et le spectacle se jouant pratiquement à guichets fermés, mercredi, jeudi et vendredi à 21 heures, si la demande est forte, une représentation supplémentaire sera propo- sée le dernier jour, à 19 heures. Le drôle d'oiseau de Brancusi fait encore des siennes.