Le Parisien · 10 juin 2006 · LE BOURGEOIS GENTILHOMME

Le Parisien · 10 juin 2006 · LE BOURGEOIS GENTILHOMME
Une splendide rencontre pour les 120 ans d'amitié franco-coréenne
Presse nationale
Avant-papier
Maguelone Bonnaud
10 Juin 2006
Le Parisien
Langue: Français
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Le Parisien 

10 juin 2006 · MAGUELONE Bonnaud

La Corée aux Tuileries

Deux jours de fête populaire

Aujourd'hui et demain, la Corée dévoile son art de vivre au coeur même de Paris par petites touches fines et colorées. D'abord il y a ces visages, ces ovales purs que le temps n'ose pas ébrécher. Cette grâce qui vous émeut comme la rosée du matin, ces silhouettes aussi souples et graciles qu'un bouquet de roseaux.

Il y a aussi ces danseurs d'un âge indicible qui dessinent sur la scène les émois des oiseaux les hoquets des tambours... Soudain, les cymbales s'emballent, la trompette s'égosille, les percussions s'enivrent. L'homme au kimono bleu commence à tournoyer, s'élance avec furie dans une transe endiablée...

Bienvenue en Corée clu Sud où Samsung et Hyundai n'ont pas enterré les ancêtres. Dans ce pays qui cravache sans relâche pour coiffer ses voisins chinois et japonais, où les salariés ne soufflent qu'une semaine par an, la tradition n'a pas, comme ailleurs, été reléguée aux oubliettes du folklore.

Et c'est un aperçu de ce passé choyé que vous offre ce week-end le jardins des Tuileries. Deux jours de grande fête populaire — Kang- gang-sou-wolae, ronde des femmes en coréen — qui promettent aux Français de voyager très loin au pied de la Concorde. Pas grand-chose de commun, en somme, avec nos rites hexagonaux.

Femmes-fleurs et couleurs de flammes

Ni les costumes flamboyants, hanboks de soie chatoyants, coiffes de tresses enrubannées, couleurs de flammes et de printemps. Ni ces stupéfiantes danses du sabre, où la Corée dévoile ses ambitions guerrières, ni ces chatoyantes danses des éventails, où les femmes-fleurs saluent la nature. Encore moins la musique, dont les truismes étranges des cordes et des flûtes chatouillent nos oreilles occidentales. Un peu plus familier mais aussi saisissant, le grand maître coréen de taekwondo, Lee Kwang Young, vous donnera peut-être envie, ce matin pendant le grand défilé, de tester cet art martial qui entend épanouir ses adeptes...
Cela dure deux jours, du matin au crépuscule, et tout est gratuit. Une pause spectaculaire avant la bataille. Celle du 18 juin ers Allemagne. brusque les diables rouges de cette lointaine Asie tenteront d'écraser nos héros bleu-blanc-rouge.   

120 ans d'amitié

Cent vingt ans plus tard, on peut encore fêter ça. C'était le 4 juin 1880 Paris et Séoul signaient le premier traité d'amitié et de commerce, inaugurant ainsi les relations diplomatiques entre la France et ce pays de 220 000 km 2, péninsule à l'est de la Chine. à deux heures d'avion du Japon. La Corée ignorait alors qu'elle allait connaitre soixante-quatre ans plus tard une sanglante guerre fratricide qui conduirait à la partition.

Aujourd'hui, la Corée du Nord vit encore repliée sur elle-même, sous un régime dictatorial communiste. La Corée du sud, démocratie parlementaire, s'est ouverte, elle, au monde extérieur, rattrapant de façon spectaculaire son retard économique. C'est elle qui accueillit le Mondial de football en 2002.Et qui exporte aujourd'hui sa culture vers la France.

Toute l'année, de Roubaix à Montpellier, les Français pourront découvrir des artistes coréens. Spectacles traditionnels comme ce week-end aux Tuileries, en octobre à Châteauvallon et à Montpellier, en décembre à la salle Pleyel ; spectacles contemporains comme en juillet à Avignon ou Chalon-sur-Saône, ou en décembre à Roubaix.

Parmi les temps forts de cette saison coréenne en France, ne ratez pas le splendide Bourgeois gentilhomme qui sera joué dix jours à l'Opéra-Comique en septembre. Mise en scène par le français Éric Vigner, la pièce de Molière est interprétée par des comédiens, musiciens et danseurs du Théâtre national de Séoul. Une splendide rencontre.