Le Figaro · 7 mai 1996 · L'ILLUSION COMIQUE

Le Figaro · 7 mai 1996 · L'ILLUSION COMIQUE
Eric Vigner aime investir des lieux qui ne sont pas des théâtres a priori.
Presse nationale
Avant-papier
Caroline Jurgenson
07 Mai 1996
Le Figaro
Langue: Français
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Le Figaro 

7 mai 1996 · Caroline Jurgenson

ÉRIC VIGNER, le théâtre et son lieu

Il présente «L'ILLUSION COMIQUE» de Corneille, un spectacle qu'il a créé dans son Centre dramatique de Lorient.

Pour ouvrir et inaugurer son Centre dramatique régional de Lorient, en janvier dernier, ÉRIC VIGNER a choisi Corneille et son étrange ILLUSION COMIQUE. Un choix qui peut paraître curieux pour ce metteur en scène-directeur qui revendique création, jeunes auteurs et jeunes compagnies au programme de son théâtre. Après les années de nomadisme, ÉRIC VIGNER, breton, s'est installé à Lorient avec la ferme intention d'y amener des auteurs contemporains mais sans pour autant piétiner le passé.

Au contraire, il compte bien creuser la belle histoire de Lorient, nom du premier vaisseau qui partit à la conquête du monde pour y fonder les comptoirs de la Compagnie de l'Inde et de l'Orient. Il a aussi longuement sillonné la région, débusquant quantité de lieux insolites pour y installer son festival d'été qui démarrera cette année au mois de juillet. Et, son beau projet d'adapter au théâtre Hiroshima mon amour de Marguerite Duras (dont il avait déjà monté La Pluie d'été), il l'installera dans une ancienne base sous-marine."

"L'ILLUSION COMIQUE, c'est l'histoire d'un fils qui utilise le subterfuge du théâtre pour convaincre son père de sa vocation artistique. C'est l'histoire d'un père qui a perdu son fils, un père désespéré car il craint de ne plus avoir de descendance. L'ILLUSION COMIQUE, c'est la création du monde, raconte ÉRIC VIGNER, la fin d'un monde, le début d'un autre."

Nanterre sera le dernier lieu où se jouera la pièce, après une tournée. Le parquet de la grande salle a été poncé pour respecter le décor initial de Claude Chestier : la scène est vide, comme abandonnée, les cintres et les coulisses sont à nu, et seules des vitres sont disposées sur scène, telles les portes invisibles d'un monde inconnu. Une fosse d'orchestre est creusée au centre du plateau, où se niche le quatuor Matheus.

Après la fin de L'ILLUSION COMIQUE, ÉRIC VIGNER s'attaque à une autre comédie, celle de la justice. Il met en scène, pour le festival d'Avignon, Brancusi contre États-Unis, un procès historique, soit le compte rendu du procès intenté par l'artiste contre l'État américain en 1928, pour tenter de dénoncer l'attitude des douanes américaines qui avaient taxé une des oeuvres du sculpteur Constantin Brancusi de marchandise commerciale.

"L'idée, c'est de travailler sur la question de l'art, souligne ÉRIC VIGNER. Nous jouerons dans une pièce du palais des Papes, la salle du Conclave. J'aime investir des lieux qui ne sont pas des théâtres a priori."